Nouveau compteur Linky, comment s'en protéger ?
Le compteur Linky, nouveau compteur électrique "intelligent" d'Enedis se déploie sur notre territoire dans le cadre de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Ces compteurs (Linky pour l'électricité, Gazpar pour la gaz) permettent la relève à distance des index de consommation et leur transmission journalière aux fournisseurs d’énergie. Les consommateurs devraient ainsi avoir accès quotidiennement (sur des portails internet) à leur consommation d’énergie tout en permettant une meilleure maîtrise. Les distributeurs d’eau ont également entamé l’évolution de leur parc de compteurs avec l’installation de dispositifs permettant la télé-relève de la consommation, notamment dans l’objectif d’améliorer la détection des fuites.
Ces nouveaux types de compteurs "communicants" profitent également d'un déploiement national aux États-Unis et au Canada. Notons
de ces nouveaux compteurs). Mais dès le début ces compteurs nouvelle génération ont soulevé, pour beaucoup de personnes, différents problèmes essentiels. L'ANSES les relate dans son dernier rapport intitulé "Exposition de la population aux champs électromagnétiques émis par les « compteurs communicants » publié en Juin 2017:
"En Amérique du Nord la controverse se structure dès le départ autour de la question sanitaire, en France (...)les préoccupations affichées portent surtout sur les implications économiques pour l’usager, ainsi que sur les questions de vulnérabilité des infrastructures et d’atteinte à la vie privée. Les préoccupations sanitaires sont importées dans la controverse française par les associations et collectifs qui lancent l’alerte à partir des expériences nord-américaines.(...) les préoccupations sanitaires se structurent en interaction avec celles (...) concernant les ondes électromagnétiques, comme celles associées aux antennes-relais et à l’électro-hypersensibilité (EHS). (...) c’est bien le système compteur-concentrateur avec ses technologies CPL et GPRS qui est dénoncé comme une source importune et non voulue d’exposition humaine- domestique et environnementale aux ondes électromagnétiques, avec des effets sanitaires non encore connus (du moins pour le CPL) mais déjà redoutés. Mais le véritable rebond «sanitaire» de la controverse se produit au déploiement même des premiers compteurs. Le traitement médiatique de ce déploiement ne se focalise pas sur les seuls EHS mais tend à se territorialiser en mettant en lumière les communes qui s’y opposent."
Quelles sont les particularités de ces nouveaux compteurs ?
Le compteur d’électricité Linky utilise le courant porteur en ligne (CPL), signal à plus haute fréquence se superposant au courant électrique alternatif 50 Hz permettant l'échange de données et d'ordres avec un concentrateur. Les compteurs de type G1 utilisent les fréquences 63,3 kHz et 74 kHz pour communiquer alors que ceux de type G3 utilisent la bande de fréquences comprises entre 35,9 kHz et 90,6 kHz. Les concentrateurs, situés majoritairement dans le poste de distribution électrique, transmettent des demandes de télé-opérations, interrogent les compteurs, traitent et collectent les informations de consommation qu’ils reçoivent avant de les transmettre au système d’information centralisé via le réseau GPRS (téléphonie mobile). La communication se fait via des concentrateurs déjà installés dans des transformateurs du réseau électrique, équipés de cartes SIM et d'émetteurs GPRS. Le nombre de ces transformateurs/émetteurs n'est pas confirmé mais estimé entre 40 et 60 000.
Et l'ANSES ajoute dans son rapport "Actuellement, le Linky étant conçu pour assurer la seule télé-relève du compteur électrique cette fonctionnalité ne nécessite pas un haut débit cependant l’ajout de fonctionnalités (le compteur Linky est upgradable) passera à court ou moyen terme par un équipement radio (émetteur radio Linky ou ERL) qui peut être adjoint au compteur Linky. Cet équipement permettra l’envoi périodique de données permettant de fournir l’état de sa consommation électrique ou sa grille tarifaire, en pratique en temps réel. Deux bandes de fréquences sont notamment envisagées pour cet émetteur radioélectrique, une basée sur la bande 868 MHz et une autre à 2,4 GHz."
Des ondes, partout.
Les compteurs de gaz Gazpar et certains compteurs d’eau sont quant à eux équipés d’un module radio utilisant la fréquence 169 MHz pour transmettre à un concentrateur les informations de consommation qui envoie ensuite les données au système d’information via le réseau GPRS/3G (téléphonie mobile toujours). Les compteurs d’eau installés par Véolia utilisent la bande de fréquences 868-870 MHz pour communiquer vers un répéteur situé entre le compteur et le concentrateur. La technologie est ensuite identique aux autres compteurs utilisant la technologie radio.
Les compteurs Linky se différencient donc des nouveaux compteurs gaz et eau par l'usage d'une communication filaire, utilisant tous les câbles du réseau électrique.
Le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) a également rendu un rapport sur l'exposition électromagnétique du au Linky dans les logements. Il précise entre autre que "Dans un logement non équipé de compteur Linky, mais situé à proximité d’autres logements déjà pourvus, l’exposition aux signaux CPL existe, avec cependant des niveaux d’exposition plus faibles". Il est noté également comme particularité que les compteurs Linky fonctionnent par grappe (jusqu'à 50 compteurs). C'est à dire, qu'ils vont continuellement échanger entre eux, par l'intermédiaire du réseau électrique et du CPL toujours, afin de vérifier le bon fonctionnement de l'ensemble du circuit d'information.
Quels sont les impacts sanitaires ?
L'ANSES dans son rapport met en avant des mesures objectives réalisées en laboratoire et in situ et comme conclusion d'un impact sanitaire possible, se réfugie sous le fait que toutes les valeurs mesurées sont en-deçà des normes de référence et que les nouveaux compteurs communicants n'exposent pas davantage le public qu'une antenne relais ou qu'un téléphone portable. Ces conclusions hâtives et douteuses esquivent sans honte de nombreux cas de personnes qui ont déclenché des symptômes d'hyper-électrosensilité alors même que ces personnes n'étaient pas EHS avant, encore moins militantes, et dont certaines, ne savaient même pas, avant d'être malades, que leur compteur avait été changé ! Cette conclusion est de fait intellectuellement malhonnête, car en terme de santé et de pollution (c'est également une réalité bio-chimique) il est connu que 1 + 1 n'est pas égal à 2 mais à >2. Autrement dit, un assemblage de différentes pollutions à faibles doses ne se traduit pas par une simple addition mais par une multiplication des effets. C'est "l'effet cocktail" ! Sous couvert de nappes électromagnétiques aux puissances qui n'excèdent pas les normes en vigueurs (jamais remises en question), il est ainsi possible pour les opérateurs et industriels de les ajouter les unes aux autres sans aucune restriction, sans aucune limite et de produire au finale un "électrosmog" de plus en plus prégnant et permanent.
À ce jour il n'y a pas suffisamment d'études scientifiques sur l'impact sanitaire des ondes électromagnétiques propagées par les compteurs communicants. Dans tous les cas, les mesures objectives seront complexes car ces compteurs génèrent plusieurs types d'ondes avec diverses fréquences et la pollution qui en découle dépendra aussi de la situation du logement (année de l'installation électrique, nombre d'appareils électriques branchés, matériaux du logement, etc,.).
Cependant, qu'ils soient nocébos ou réels, les effets relatés par certaines personnes sont les mêmes que ceux décrits par les personnes souffrant d'hyper-électrosensibilité: perte de la qualité du sommeil, nervosité, irritabilité, sensation de brulure, maux de tête, tension musculaire, etc,.
Rappelons également que les radiofréquences et les micro-ondes sont officiellement classées « potentiellement cancérigènes» (catégorie 2B) depuis le 31 mai 2011 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), et que neuf ans plutôt, l'organisme avait déjà noté les champs basses fréquences (50-60 Hz), cancérogènes possibles (groupe 2B) dans une monographie.
À qui appartient le compteur électrique ?
Les compteurs ne sont pas la propriété des usagers finaux mais celle des collectivités. Les mairies en sont les propriétaires et en ont confié la gestion aux syndicats départementaux des énergies. Par une décision du 12 mai 2014, la cour administrative d'appel de Nancy a rappelé l'impossibilité pour une collectivité territoriale de transférer la propriété des compteurs à ERDF. La cour a rappelé que la propriété des compteurs est un accessoire indispensable au fonctionnement du service public de la distribution d'électricité à
laquelle les collectivités ne peuvent renoncer. Si les communes ne peuvent pas transférer la propriété à Enedis, nombre d'entre elles ont choisi de se regrouper dans les syndicats intercommunaux ou départementaux de l'énergie, comme le prévoit l'article L. 322-1 du code de l'énergie, afin de faire face aux charges liées au service public de l'électricité. La gestion du réseau (ainsi que l'autorité concédante) est alors confiée à une régie. Il semble donc difficile pour la collectivité qui a adhéré à un syndicat d'énergie de s'opposer individuellement au dispositif Linky lorsque le syndicat et Enedis s'accordent sur ce point dans le cahier des charges de la concession. Le renouvellement d’un grand nombre de contrats de concession a constitué et constitue l’occasion pour les collectifs de contester ce principe de concession pour lequel les syndicats et Enedis doivent trouver un accord prochainement.
Comment se protéger des ondes radiatives du compteur Linky ?
La première des choses à faire si l'on veut se protéger des ondes électromagnétiques du compteur Linky, c'est de faire en sorte de ne pas avoir de compteur Linky ! Ce qui n'est pas une chose facile, car le déploiement de ce compteur rentre dans le cadre national de la Loi de Transition Énergétique et si l'on s'y oppose, des poursuites venant d'Enedis ou des administrations ou collectivités pourront être engagées à votre égard. Aujourd'hui, même des communes qui avaient voté démocratiquement des délibérations contre l'implantation du Linky se voient aujourd'hui attaquées par Enedis.
Que vous soyez locataire ou propriétaire, Enedis est tenu d'informer les occupants du logement concerné par courrier de la date à laquelle le changement de compteur interviendra puisque ce sont les occupants (propriétaires ou locataires donc) qui subiront le coupure d'électricité pendant l'installation. Vous pourrez aussi en avoir une petite idée en cliquant ici et en sélectionnant votre ville (même si à ce jour, Enedis semble accélérer sa campagne d'installation). Pour s'y opposer ou tout du moins montrer sa désapprobation, il vous faut rédiger un courrier RAR adressé à Enedis, mais aussi à votre maire et à votre copropriété, dans lequel vous faites part de votre refus. Vous trouverez tous les modèles disponibles ici. Il n'est pas inutile non plus de sensibiliser vos voisins à cette question.
Dans le cas où le compteur électrique est à l'intérieur de votre domicile vous n'aurez pas de difficulté à refuser. Il vous suffit de ne pas donner de rendez-vous à Enedis ou aux sous-traitant. Ils ne vont tout de même pas rentrer par effraction !
Dans le cas où votre compteur électrique est à l'extérieur du logement (cages d'escalier, caves, jardin, sur muret ou poteau extérieur, etc,.), ce sera plus compliqué de protéger votre ancien compteur mécanique ou électro-mécanique. Les agents d'Enedis (et sous-traitant) ont pour ordre de changer tous les compteurs accessibles (même si vous avez signalé votre refus par affichage ou auto-collant !). Certaines personnes vont même jusqu'à protéger le compteur en place par des barres de fer ! Le compteur doit cependant rester accessible à la relève des index.
Mais malgré tout cela, malgré votre refus officiellement signalé et argumenté, il est possible que votre nouveau compteur Linky soit quand même installé.
Dans le cas d'une hyper-électrosensibilité diagnostiquée, la justice peut néanmoins trancher en faveur de la victime. C'est ce qui s'est passé à Grenoble, où une isèroise électrosensible a pu faire retirer le nouveau compteur d'eau communiquant récemment installé, suite à un avis du Tribunal de Grande Instance de Grenoble.
Idéalement, il vous faudrait réaliser une mesure de champs électromagnétiques dans votre logement avant changement de compteur. Ce type de mesure pourrait être utile dans le cas d'un dossier juridique.
Et quand le compteur est là ?
Une fois le nouveau compteur communiquant installé et si l'on veut éviter les actions en justice, il est possible de limiter fortement la nuisance du CPL dans votre logement. La solution technique la plus radicale et ne changeant en rien le fonctionnement du compteur est de blinder l'installation électrique. Le blindage électrique permet de contenir l'émission d'ondes électromagnétiques générée par la tension électrique mais également les courants d'harmoniques ou les fréquences additionnelles comme le CPL et d'évacuer cette pollution électromagnétique par le biais de la prise de terre électrique de votre logement. Les installations électriques blindées se composent de gaines ou de câbles blindés ou de fils électriques (phase) blindés. Il est possible, en dehors du réseau domestique, de compléter et d'étendre cette installation pour une efficacité optimum avec des rallonges, multiprises, bloc de prises ou même lampes blindées ! Ceci est envisageable pour une construction neuve, plus difficile mais pas impossible, dans un bâti existant.
D'autres solutions techniques voient le jour et permettent de limiter l'impacte du CPL Linky.
Les solutions "plug"(1) très en vogue, et malgré des démonstrations plus ou moins hasardeuses et plus ou moins scientifiques, montrent une certaine efficacité contre les rayonnements hautes fréquences transmis par les câbles électriques. Mais cette efficacité reste relativement localisée et les fréquences sur lesquelles ces filtres agissent ne sont pas parfaitement identifiées. Ces "plugs" composés d'une prise contenant deux condensateurs Y connectés entre phase et terre et neutre et terre vont effectivement évacuer par la prise de terre une partie des rayonnements HF qui se superpose à la porteuse 50 Hz. Et les appareils électriques branchés en aval seront libérés de ces rayonnements. Mais ce qui veut dire aussi, que pour une efficacité dans toute l'habitation, il serait nécessaire d'en disposer un peu dans chaque pièce; tout en sachant qu'ils ne protègeraient pas le réseau électrique à moins de pouvoir en brancher un sur une prise au niveau du tableau électrique.
L'autre solution plus coûteuse mais certainement plus efficace est de faire installer un filtre passe-bas(2) au tableau électrique (certains d'entre eux montrent des mesures d'efficacité réalisées par le laboratoire indépendant Emitech). Il en existe plusieurs sur le marché désormais. Ce type d'appareil va littéralement filtrer les fréquences traversantes qui ne sont pas du courant 50 Hz et empêchera de fait le relevé détaillé de votre consommation d'électricité par le compteur Linky qui ne pourra alors, fournir qu'une lecture de consommation globale (puissance appelée et quantité consommée). Il faut cependant garder à l'esprit que cette filtration ne sera pas totale et que chaque filtre possède des spécificités d'atténuations (délivrées en décibels) propres qui dépendent des fréquences. Prenez le temps d'étudier les différences entre chaque filtre.
Et pour une protection totale et complète il est possible de combiner un ou des filtres passe-bas avec du blindage électromagnétiques.
(1)
http://www.220absoplug.com/
http://www.absoplug-france.fr/
(2)
http://www.cem-bioprotect.com/
http://biovolts-protect.com/content/9-biovolts
Pour des renseignements sur l'environnement électromagnétique ou des mesures :